Fab Lab
Les flux avant les os !
Et si… les immeubles de bureaux de demain ressemblaient davantage à des « passoires filtrantes » qu’à des parallélépipèdes de béton et de verre fumé, faussement transparents. On ne peut pas dire d’un côté que l’entreprise apprenante de demain sera digitale, donc forcément poreuse, et continuer à construire des murs et des cloisons imperméables aux mondes extérieurs, aux parties prenantes, aux clients, aux flux de la vie d’une organisation au cœur de son écosystème.
Vers une architecture organique des lieux de travail
43 % des Français sont peu ou pas satisfaits de leur espace de travail, contre 31 % dans le monde *
Immobilier, immobile… Quelle vision les dirigeants ont-ils des futurs espaces de travail, au moment où ils s’apprêtent à déménager, emménager, élargir leurs espaces, fusionner, se couper en plusieurs morceaux… Dans le même instant, toutes les enquêtes apportent leur lot de salariés insatisfaits de l’absence d’ergonomie, de l’excès de silos, du besoin d’épanouissement. Certes, peu d’organisation ont la chance de pouvoir repenser leur structures à partir d’un nouveau bâti. Le plus souvent, l’entreprise reprend et rénove un espace qui a déjà vécu une ou plusieurs vies, contrainte par une conception architecturale qui date.
Comment dès lors repenser l’espace de travail ? Comment tenir compte de sa culture d’entreprise ? Comment faire face, à travers sa manière de s’organiser, aux bouleversements qui viennent remettre en question les habitudes, les relations, les certitudes du corps social : expériences clients, open innovation, difficulté croissante des prises de décision, accélération de la réflexion stratégique, agilité et adaptabilité obligées, optimisation et différentiation mêlées,…
On voit bien apparaitre les premières pierres d’un nouvel art de gérer les êtres humains dans leur travail quotidien : via la croyance dans le dialogue, la capacité d’intégration, la volonté de dépassement de soi, projection et transversalité, partage et transmission de l’information, management par la preuve… Des principes d’actions dont la force et la conviction ne dépendront plus seulement de la forme des couloirs, de la couleur des salles de réunion, de la situation de la cafétéria, du degré d’exclusion des « fumeurs », ou de la qualité de la moquette.
En effet, nous entrons dans un monde où le capital relationnel de l’organisation prévaudra sur le capital humain pur et simple. La capacité (et la rapidité) des hommes à se contacter à bon escient participera des nouveaux axes de la performance. Tout doit donc être repenser dans une logique de mouvement, de flux, d’action, plus que de staticité, de permanence ou de stabilité.
La meilleure façon de ne pas subir cette « instabilité permanente » (et prévue), consiste donc à la précéder. Le défi, loin d’être mince, est lancé aux architectes de tous poils : penser des espaces de travail où l’on placerait la taille et la forme des organes avant les morceaux du squelette ! Où l’on constituerait et hiérarchiserait d’abord les lieux de passage de l’innovation, de l’anticipation, du « story making » avant de se creuser la cervelle pour décider si oui ou non, « on sera en open space, ou pas ». Là n’est plus la question essentielle. L’enjeu tient dans les réponses que chaque organisation, donnera à sa manière, selon son code génétique et à partir de son ambition, à quatre face-à-face clefs :
- Action/vision
- Espace/temps
- Individu/groupe
- Interne/externe.
Nicolas Rousseaux
(*) chiffres et analyses rassemblés et partagés lors d’un petit-déjeuner débat organisé par Green Soluce et Mediation-Consulting, à l’AmCham, le 1er octobre 2015.
cf. post du 26 septembre 2015 : Vers des espaces de travail « culturo-compatibles »
Photos : © Nicolas Rousseaux
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