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Oubliez les coachs, place aux « neo coachs »

Posted: 21 juillet 2015 à 11:56   /   by   /   comments (0)

Le temps du coach confesseur pour cadre mal dans sa peau est passé. Place au «néo coach», moteur d’entraînement par l’action, engagé sur le long cours dans les décisions de son client. Une forme nouvelle d’accompagnement pour dirigeants soumis à la pression croissante des événements. Un missi dominici qui escorte et inspire à la fois. Effet turbo plutôt que pansement bobo.

 

Publié par www.hbrfrance.fr – Harvard Business Review France :

http://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2015/06/7208-fini-le-coaching-place-au-neo-coaching/

 

Les coachs se seraient-ils ringardisés? Longtemps méprisés («Des cadres qui n’ont pas réussi dans leur vie professionnelle et qui se reconvertissent, à la va comme je t’pousse, coach pour ex-confrères en difficulté…»), souvent critiqués («Ah s’ils savaient au moins ne pas aller trop loin dans l’introspection, ne pas dépasser la frontière professionnelle avec leur client pour aller sur le terrain du personnel, car ils ne sont pas armés pour cela»), encore plus ou moins montrés du doigt aujourd’hui («Ils se prennent tous pour des super psy en puissance»), les coachs ont pourtant su structurer leur profession, y mettre un certain ordre (labels, formations, associations reconnues…) et plus personne ne s’étonne de leur présence dans les coulisses des comités de direction.

Mais à trop vouloir se confondre avec le paysage (leurs interventions, toujours discrètes, restent encore sujettes au tabou de la comparaison avec la psychanalyse), tout en évitant de trop mêler conseil et business, nombre d’entre eux se retrouvent aujourd’hui lâchés dans la montée des cols, sans cesse plus élevés et où les stratégies fondent en un clin d’œil. Certes, les 1500 coachs recensés en France, dont un tiers seulement adhèrent à un code de déontologie officiel, ont appris à diversifier leurs prestations (coaching de développement, de résolution ; coaching interne, d’équipe…), sans toutefois modifier radicalement leur posture originelle, fondée sur:

– le caractère ponctuel de l’intervention (6 à 10 séances en moyenne, sur une durée totale dépassant rarement les six mois),

– le refus d’une confusion possible avec le «consultant», dont on attend des solutions, au contraire du coach, qui lui apporte le soutien qu’il faut au coaché pour que ce dernier trouve lui-même «sa» réponse au problème posé,

– une démarche d’abord perceptive puis prospective (examen de la nature profonde du caractère humain en question, puis identification des gisements inexploités).

Or, l’accélération des temps conjuguée à la globalisation des espaces fait naître des besoins bien divergents de ces postures statiques. C’est à ce titre que le «néo coach» a une carte à jouer. Ses atouts? Ils tiennent en 7 points :

1. Il apporte la vision du dehors. Submergés par la complexité et l’urgence permanente, les dirigeants ne sortent plus, piégés qu’ils sont dans le giron de leur entreprise et de ses méandres. La place et le temps pour l’inspiration se répartissent au compte goutte. Le «néo coach» doit rapporter à son client des «pièces à conviction» sur les tendances, les signaux et rumeurs qui surgissent ici et là.

2. Il fait remonter les informations internes. Ce qui est valable à l’extérieur, l’est aussi en interne. Un P-DG enverra ainsi son «néo coach» investiguer telle filiale ou tel département en prévision d’un éventuel déplacement sur place dont l’opportunité reste encore indéterminée.

3. Il rencontre les parties prenantes de l’entreprise pour le compte, officiel, de son client dirigeant. A l’heure de la RSE et du développement durable, comment concevoir un projet, ou déterminer une stratégie, sans prendre le pouls, tester ses stakeholders avant tout lancement. Conséquence maléfique du digital, la porosité des organisations oblige le dirigeant à démultiplier bras et sens autour de son pré carré, comme autant de capteurs de l’opinion publique.

4. Il soutient des idées originales, en continu. Innovation oblige. L’économie pluri concurrentielle (une compétition totale, tous secteurs et tous pays confondus) pousse le dirigeant à s’entourer de veilleurs de nuit comme de jour, à l’affut d’une cible à racheter, d’un segment de marché à occuper, d’un nouveau canal de distribution ou d’un style de consommation émergent. Cette insomnie stratégique perpétuelle fait du «néo coach» l’une des courroies essentielles d’alimentation du dirigeant. D’où de nouvelles formes de contractualisation qui voient le jour, du type abonnement (mensuel, annuel, renouvelable par tacite reconduction), entre le «néo coach» et le client.

5. Il renforce le socle managérial et organisationnel, et ainsi le leadership du dirigeant. Le «néo coach» veillera également à la juste adéquation entre la personnalité de son client et le système de gouvernement qu’il met en place, compte tenu de la pressurisation combinée du Big Data à celle de l’expérience client, des nouvelles formes de commandement (moins dirigistes, davantage coordinatrices), de l’agilité stratégique, de la forme de son organigramme, etc.

6. Il imagine le maximum de futurs possibles. Le «néo coach» sait prendre des risques. Joueur? Devin? Non, plutôt arpenteur des anomalies et des trouvailles imprévues.

7. Il est source d’enrichissement. Au-delà de l’action présente ou future, l’enjeu du «néo coach», aussi bien que du coach ancienne formule, consiste à améliorer les comportements de son client, d’en faire un meilleur leader. Mais quel serait l’impact d’une telle optimisation si elle n’était pas fondée sur un système cohérent de croyances. C’est la culture générale qui apporte ce «petit plus» de discernement dont chaque manageur a besoin. Face à des questions insolubles, le recours de plus en plus récurrent à l’intuition confirme cette exigence. Or, quel serait le poids et la pérennité d’une décision intuitive, s’il celle-ci ne reposait pas sur un faisceau de valeurs individuelles fortes, nourries de références solides? Rien n’interdit au «néo coach», de débarquer dans le bureau de son client avec, sous le bras, un ouvrage de Lao-Tseu, une fable de La Fontaine, un tableau de Malevitch, un poème de René Char, un DVD de Akiro Kurozawa, un discours de Tite-live, un polar chinois ou le dernier CD de Rodolphe Burger.

Envoyé spécial d’un nouveau genre, le «néo coach» rassemble à lui seul profondeur de champs, hauteur de vue, engagement dans l’action, investigation vers des sources d’information inédites ou des lieux d’innovation improbables. Un lien clef, dédié à la réussite d’un homme ou d’une femme, et de son écosystème.

Nicolas Rousseaux

 

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Photo : Nicolas Rousseaux

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