Fictions

Le succès vu par Walter Benjamin : 11. Course d’obstacle

Posted: 2 août 2015 à 11:50   /   by   /   comments (0)

Leçon n°11 : la course d’obstacle

Se débarrasser des barrières de son propre « moi », inhibitions, sentiments d’infériorité, jusqu’à son nom même…Exclusivité nXr

La structure du succès est au fond la structure du hasard. Se défausser de son propre nom fut toujours la manière la plus sérieuse de se débarrasser de toutes les inhibitions et de tous les sentiments d’infériorité. Et le jeu est cette sorte de steeple-chase sur le champ d’obstacles du propre moi. Le joueur est sans nom, n’a pas de nom propre, n’a pas de besoin de nom étranger. Car il est représenté par le jeton qui se trouve en un point bien précis du tapis, qui s’appelle vert comme l’arbre d’or de la vie1 et qui est gris comme l’asphalte. Et dans cette ville de la chance, dans ce réseau de rues de bonheur, quelle ivresse de se rendre omniprésent, doublement, et de pouvoir se mettre aux aguets, dans dix coins à la fois, de la fortune qui s’approche.

W.B.

Prochaine leçon : la bonne foi

Photo : © Nicolas Rousseaux

Le 29 septembre 1928, parait dans le Frankfurter Zeitung, un texte signé de Walter Benjamin. Historien d’art, philosophe, critique littéraire et traducteur d’Honoré de Balzac, Charles Baudelaire et Marcel Proust en langue allemande, Walter Benjamin propose dans cet article de tracer « La voie du succès en treize thèses  ». Porteur invétéré d’une haute exigence vis-à-vis des siens comme de lui-même, Walter Benjamin, réexamine le concept de « réussite » autour de ce qu’il désigne comme la « transaction heureuse ». Une intensité de la pensée et de l’action, un recul, une franchise, une netteté, une constance, une recherche, une prise de risque,…. Ni modeste, ni hâbleur, le succès se nourrit de sa discrétion tout comme de son évidence.

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