Cartographies
La mine géométrique des océans
« La nature a créé une richesse infinie de formes extraordinaires dont la beauté et la diversité excèdent tout ce qui a pu être créé par l’homme »
Ernst Haeckel, en 1899
A la poursuite des organismes monocellulaires (les « radiolaires ») sur les rivages norvégiens de la Mer du nord ou de l’Adriatique, Ernst Haeckel découvre au milieu du XIX° siècle un univers hallucinant d’animaux microscopiques, formes de plancton vivant dont l’origine remonte à l’ére précambrienne, autour de 570 millions d’années.
Sa monographie de 1862 vient d’être rééditée à Munich. Un ouvrage absolument sublime, une découverte absolue, tellement fascinante, d’un monde qui semble relever autant de la science fiction que de la science tout court.
Flocons de neige ayant trouvé refuge au fin fond de l’océan, où bien stations orbitales extraites d’une nouvelle Odyssée de l’espace (qui resterait à imaginer par un Kubrick du XXI° siècle), certains de ces cousins des amibes possèdent parfois des formes de squelettes à trous qui laissent adroitement passer des micro organismes pour mieux les avaler. Tels des vaisseaux intergalactiques qui viendraient se glisser dans les interstices de ces formes oblongues, puis s’évaporer dans nos mémoires sur la musique céleste d’un Danube bleuté.
C’est le naturaliste berlinois Christian Gottfried Ehrenberg (1795-1876) qui a, le premier, décrit les radiolaires.
A l’époque, une première liste de 5.000 espèces différentes avait été publiée.
Les architectes de l’Exposition universelle de Paris, en 1900, s’inspireront de ce monde inouï et iront jusqu’à imaginer des bâtiments (pour la billetterie, les entrées et sorties de l’exposition) en formes de répliques de ces organismes géométriques.
The Radiolarian Atlas of 1862
by Ernst Haeckel
ed.Prestel, Munich – London – New York, 2014
photos : DR
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