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« Valeur, valeur, est-ce que j’ai une gueule de valeur ! »
Il court, il court, le Graal du sens…
«Les valeurs, ultime refuge de stabilité dans un monde qui ne se reconnait plus lui-même », Joël Roman
Que retrouve-ton dans la demande hyperbolique de sens aujourd’hui ? La trace du néant, qui sombre dans les théories du complot, le fanatisme religieux ou le terrorisme. A chaque fois, tout vaut mieux que d’accepter l’incertitude. Tout, c’est à dire aussi bien le « rien » devenu l’objet d’un désir passionné et destructeur. Ne parler de rien autorise à parler indéfiniment de tout. Le commentaire réduit les événements au bavardage médiatique.
La réponse aux crises traversées par les démocraties prend trop souvent la figure de l’appel aux « valeurs ».
Les valeurs ! De solides croyances qui se seraient éclipsées sous le poids du relativisme ou de l’individualisme, mais qu’il serait loisible de réactualiser pour répondre aux demandes d’une société en mal de repères ? Dans ce registre, toutes les institutions peuvent être convoquées pour peu qu’elles symbolisent un semblant d’ordre : églises, république, famille ou entreprise.
Cet appel récurent aux valeurs est singulier puisqu’il promeut le volontarisme tout en se revendiquant d’un ordre universel du bien que personne n’a choisi. Rien de plus subjectif qu’une valeur !
La réponse au « rien » ne se trouve pas dans le trop de certitudes. Elle émane le plus souvent de ceux qui préférent le doute au néant.
D’après Michaël Fœssel.
Source : Revue « Esprit » n°403
Photos : © Nicolas Rousseaux
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