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Autorité, contrôle, proximité… que devient le commandement ?

Posted: 6 mars 2015 à 3:00   /   by   /   comments (0)

Centralisation/décentralisation, autorité/exécution, contrôle/commande : face à la complexité, ces exercices classiques du pouvoir s’avèrent totalement dépassés. L’efficacité du commandement se situe aujourd’hui dans un équilibre solidaire, un ajustement permanent entre l’amont et l’aval d’une organisation. Révolution dans les rangs !

Publié par www.hbrfrance.fr – Harvard Business Review France :

http://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2014/01/407-autorite-controle-proximite-que-devient-le-commandement/

Quand l’accélération des évènements se double d’une multiplicité croissante des acteurs, comment croire qu’un seul poste de commandement centralisé puisse allier correctement la vision globale et la précision du terrain, gérer un nombre grandissant de sujets en simultané, de l’opérationnel au stratégique, de la direction au terrain, en intégrant toujours plus de parties prenantes, le tout dans une vitesse d’exécution maximale ? Exercice vain… et dangereux.

La concentration du pouvoir de décision dans les mains d’un organe « supérieur » n’est plus de mise. A l’inverse une décentralisation tous azimuts ou une délégation maximale peuvent déboucher sur des retours de manivelles cuisants.

Tous les récents travaux de recherche issus des états-majors militaires, de la Bundeswehr aux US Marines, en passant par Tsahal et les « Paras » britanniques ayant vécu les derniers conflits, guerre des Malouines, Irak, Afghanistan, Libye, convergent vers la mise en pratique de nouveaux modes de commandement, radicalement contraires à ce que l’art militaire nous enseigne depuis des siècles, et ce quel que soit le terrain d’action : guérilla urbaine, pénétration en zone désertique, occupation de territoire, maintien de l’ordre, interposition, force de défense…

Le petit doigt a quitté la couture du pantalon. Car, la pratique contemporaine du commandement  implique une unicité parfaitement claire du cadre stratégique mais, conjointement, un contact le plus actif possible avec le terrain. Il n’y a plus d’un côté les galonnés qui « savent » et, de l’autre, les trouffions qui « exécutent ». Le leadership gagnant consiste à gérer la fluidité du grand écart entre distance, proximité, cadrage et influence.

Concrètement, comment répartir ordres, feedback, données, interprétations, réactions ? Qui doit décider in fine ? Cinq réponses étonnantes, quasi subversives, qui correspondent à cinq mutations profondes en cours dans les organisations :

1. Le plan d’action. Ne plus faire référence ni au QG ou au PC, d’un côté, ni à la périphérie ou au « sol », de l’autre. Mieux vaut parler d’amont et d’aval. Rôle de l’amont : gérer le prévisible et planifier, synchroniser, coordonner, orienter, encadrer, influencer, définir le projet. Rôle de l’aval : instruire et déterminer les modalités, gérer l’imprévu et le transformer en opportunité, prendre des initiatives, créer les conditions maximales de l’expression des hommes et des femmes face à l’action, agir seul face aux réalités.

2. L’information. Un organe qui peut être localisé au centre du dispositif, mais pas obligatoirement, concentre toutes les données et la rapidité de leur redistribution, assure la cohérence, donne les objectifs. A l’aval de gérer les surprises, l’accélération d’une situation, la dispersion si nécessaire.

3. La discipline. L’amont couvre les erreurs et les fautes des subordonnés. L’aval suit les principes établis (sans forcément respecter les règles ou les procédés !).

4. Les processus. L’amont définit ce qu’il convient de ne pas faire. L’aval s’oriente selon le principe de « l’obéissance active » : liberté, créativité, rapidité (« bulles d’action »).

5. La solidarité. L’amont commande donc « indirectement »… mais à condition que l’aval coopère « spontanément », tout en comprenant l’ensemble de la situation.

Bref, priorité est donnée à l’agilité, à la créativité, à l’audace. Révolution organisée dans les rangs ! Les plus « indociles » prennent la relève. La nouvelle efficacité du commandement se formera dans l’alliance du pourquoi et du comment. A chacun de trouver le bon équilibre entre le cadrage global et la liberté que le terrain se doit, désormais, d’encourager.

Nicolas Rousseaux

Lien : http://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2014/01/407-autorite-controle-proximite-que-devient-le-commandement/

Photo : © Nicolas Rousseaux

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