Traîtres : « de quel nom vous nommer ? »

Espagne, an 263 ap. J-C.. Croyant Scipion mourant, des troupes romaines organisent la rébellion contre lui.

Le général et consul réapparait et s’adresse aux rebelles :

« Que les mots puissent me manquer pour m’adresser à mon armée, je ne l’aurai jamais cru. Non que je me sois jamais plus exercé à la parole qu’à l’action ; mais je pensais connaitre l’esprit des soldats. C’est pour vous parlez, à vous, qu’idées et mots m’abandonnent. Et je ne sais même pas de quel nom vous nommer : citoyens ? Vous avez trahi la Patrie. Soldats ? Vous avez renié votre chef et ses auspices, rompu la religion du serment.. Ennemis ? Corps, visages, vêtements, tenue me font reconnaitre en vous des citoyens ; actions, propos, projets, volontés, me font voir des ennemis. Vous dites que vous n’êtes pas tous à l’avoir fait, ni voulu, mes soldats ; que ce fut l’égarement, la folie de quelques uns. Je veux vous croire : car tels ont été ces crimes que, s’ils s’étaient répandus en toute l’armée, il faudrait des expiations sans mesure pour en effacer la souillure. Je touche malgré moi à ces plaies ; mais il faut les toucher et les sonder pour les guérir »

Les meneurs seront châtiés à mort, les soldats seront, eux, pardonnés.

    Source :  Tite-Live, « Histoire de Rome depuis sa fondation »

   Photo : Nicolas Rousseaux