Chroniques

L’animal, personne morale ? Au secours !

Posted: 20 février 2016 à 5:32   /   by   /   comments (0)

Et si… les animaux décrochaient le droit de vote aux municipales avant les émigrés, et puis le droit à la sécurité sociale, le RSA, le RMI, le Smic, un passeport, une nationalité, un contrat de travail, des indemnités de chômage… Le débat, très sérieux, est ouvert. Poissons rouges, hamsters, rats, perruches, pythons, chiens et chats vont bien finir par défiler devant le zoo de Vincennes, le cirque d’Hiver ou sur le quai de la Mégisserie, afin d’obtenir enfin la reconnaissance de tous leurs droits et pas seulement le fait de se voir considérés comme des « êtres sensibles ».

La bêtise humaine

Le-singe-qui-prenait-des-selfies-ne-peut-etre-proprio-de-ses-photos_width620A la une des pages « Culture et Idées » du quotidien le Monde, le sourire béat et niais du macaque le plus célèbre du moment ouvre la voie à tous ceux qui ont du temps à perdre à lire des journaux dont les journalistes s’étonnent encore qu’ils soient en faillite permanente. Comptent-ils vraiment sur ce singe pour retrouver des lecteurs ? A moins qu’il soit là pour les faire fuir ?

« L’art de singer l’homme« . On appréciera le titre. Tout un programme, en hommage, déjà, à la gente animale.

Tels des baudets forts en caractère, comme nos ânes du Poitou, les avocats têtus de l’omniprésente ONG américaine, PETA (People for the Ethical Treatment of Animals), ont demandé à la justice que des droits d’auteurs soient payés au singe macaque indonésien qui, planté devant l’appareil d’un photographe britannique à proximité, a appuyé « compulsivement » sur le déclencheur les yeux fixés sur l’objectif. Un selfie animalier était né !

Afin de justifier sa plainte, l’ONG a argué que les sommes ainsi récoltées serviraient à sauver cette race de son extinction.

De plus en plus, dans les pays occidentaux, la jurisprudence développe la notion « d’êtres vivants doués de sensibilité » pour les animaux.

En Asie, des écoles se mettent en place pour apprendre aux éléphants à peindre en public et gagner ainsi leur pitance (question : leurs œuvres sont-elles assujetties à la TVA ?). Un ours brun à Helsinki, un cheval dans le Nevada, des coyotes et des phoques dans le Massachussetts sont sommés de s’y mettre aussi. Au boulot !7427ea210c54176d8d1a01

« Qu’est-ce, tout ceci ? Une révolte ?

– Non, Sire, une révélation. »

Depuis 2015, le code civil français reconnait aux animaux le statut d’ « être vivant doué de sensibilité« , mais l’animal reste cantonné à la catégorie des biens mobiliers. Bref, il reste encore, aux yeux de la loi, un objet, et non un sujet.

Alors les objets seraient-ils pourvus d’un esprit ? De cet esprit pourrait-il naitre une vocation à produire des œuvres, et donc une intention de créer ? Associations collectives de protection des droits d’auteurs, des projets de SACEM ou de SACD pour les animaux seraient dans les cartons.

A force de vouloir distribuer de l’humanité jusqu’aux objets (le spiritisme des tables tournantes aura-t-il donc aussi droit, un jour, à un passeport spécial pour esprit vagabond ?), ne désacralisons-nous pas la primauté du respect dû à chaque être humain, d’abord ?

La condition humaine repose sur la conscience d’un équilibre (instable et fragile) entre les droits et les devoirs de chacun vis-à vis de soi et des autres. La PETA, elle, ne cherche que la « libération des animaux« . Libération de quoi, exactement ? De leur condition animale ?

Analogie entre les animaux et les handicapés mentaux

Cette association a fait état la semaine passée d’une analogie entre les animaux et les handicapés mentaux : «Chaque animal devrait avoir des droits indépendamment de l’intérêt que cet animal peut présenter pour les humains, qu’il soit mignon ou pas, que son espèce soit menacée de disparition ou pas, qu’un humain y soit attaché ou pas (de la même façon, un handicapé mental a des droits, même s’il n’est pas mignon ou si personne ne l’aime)» était-il écrit sur le site internet de l’ONG. Bévue révélatrice de la confusion réductrice, nouvel os à ronger pour chroniqueur en mal de chiens écrasés.

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Une des peintures du singe Congo, mort en 1964

Homo sapiens s’est tellement battu pour sortir de sa condition bestiale que cette sollicitude vers les bêtes frise le renversement des valeurs dans le vide spirituel de notre temps.

Dans les années 50, Picasso avait acheté un tableau peint par un singe et l’aurait accroché dans son atelier (non loin d’une reproduction des Ménines ?). Le canular s’est transformé en piteux mélange des sens que nous donnons à la valeur de la vie.jeEdC Blondi Hitler

Je pense alors à l’affection que portait Adolph Hitler à Blondi, son berger allemand.

Devant les caméras officielles, sous le soleil de Berchtesgaden, dans l’air pur des montagnes avoisinantes, le Führer aimait tant la caresser et jouer avec elle.

Pendant ce temps, la guerre mondiale, atroce, suivait son cours.

 

Nicolas Rousseaux

 

 

 

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