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Comédien, le paradoxe (II)

Posted: 16 janvier 2016 à 1:33   /   by   /   comments (0)

Et si… les hommes, à force de faire semblant de croire en l’attachement qu’ils éprouvent à l’égard d’autrui, se prenaient eux-mêmes aux lois de la vertu.

Jouer sur scène, théâtre de la civilisation

« Les hommes en général sont d’autant plus comédiens qu’ils sont plus civilisés; ils prennent l’apparence de l’attachement, de la considération mutuelle, de la réserve, du désintéressement sans tromper personne, parce que tout un chacun sait bien que cela n’est pas éprouvé du fond du cœur; et il est très bien qu’il en soit ainsi dans le monde. Par le fait que les hommes jouent ces rôles, les vertus, dont pendant longtemps, ils ne prennent qDSC06210ue l’apparence concertée, s’éveillent peu à peu et passent dans leur manière. Mais tromper ce qui nous trompe, c’est-à-dire les tendances, c’est revenir à l’obéissance aux lois de la vertu; ce n’est pas une tromperie, c’est une manière innocente de nous prendre à notre propre mirage. »

Emmanuel Kant

Anthropologie du point de vue pragmatique

 

Kant, le rigoureux, se prend donc à penser que, de la contrainte extérieure, émergerait ainsi une obligation intérieure. Des gestes de politesse, des marques de respect, même les plus hypocrites, offriraient à la flatterie le droit de se transformer en bienveillance. Il est vrai que toute vertu doit s’acquérir avec le temps. Ne serait-ce que pour devenir une « personne », mot issu du latin persona, dont le double sens est tout un programme : l’être et le masque !

 

9782501099295-001-X pourquoi penser« Pourquoi penser comme tout le monde »

50 paradoxes loufoques de philosophes pour voir le monde autrement

Par Sophie Chassat

ed. Marabout poche, 2015

Photos © Nicolas Rousseaux

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