Fab Lab

Culture générale et compétitivité

Posted: 15 janvier 2016 à 1:03   /   by   /   comments (0)

Et si… les dirigeants prenaient à bras le corps la question du face-à-face entre la culture générale et l’entreprise.

L’entreprise, point aveugle du savoir

Longtemps l’entreprise ne s’est pas cru concernée par la culture, mis à part des opérations ponctuelles de mécénat au gré des goûts de quelques dirigeants amateurs éclairés. La culture relevait d’abord du domaine de l’intime, du personnel.

Mais, dorénavant, les dirigeants se retrouvent face à des situations inédites :

  • Soit qu’ils se retrouvent confrontés aux premières générations de « malformés » de l‘enseignement supérieur, y compris par les grandes écoles.
  • Soit qu’ils constatent les effets négatifs sur les relations commerciales ou entre collaborateurs de générations en manque de repères linguistiques et culturels, incapables de prendre le moindre recul et ambivalents face à la mise en perspective. L’art disparu de la conversation.
  • Soit qu’ils commencent sérieusement à s’inquiéter de la qualité de leurs viviers et des conditions du renouvellement de leur encadrement (aussi bien via le recrutement externe que par la promotion interne).

DSC02161 DSC02162De par l’émergence d’un nouvel enjeu (humain) de compétitivité, l’entreprise se voit donc interpellée comme acteur social au sein même de la société. Sa légitimité, sa crédibilité, sa visibilité passeront-ils par un rôle éducatif ? Que dire, que faire, face à la radicalisation religieuse, à la discrimination, à la diversité, à la multiplicité des crises ? Une transformation profonde se met en marche. Celle-ci implique une modification de l’usage et de l’image des organisations (encore trop souvent négative ou toxique). Dès lors, le recours à la culture, dans toutes ses dimensions, dans toutes ses expressions, devient crucial, car apporteur de sens.

Entreprise = lieu de structuration sociale

Un double objectif prend forme : sortir de la spirale antiéconomique, négative ou toxique (entreprise = lieu d’exploitation de l’homme par l’homme) pour remettre la créativité au cœur des organisations (entreprise = lieu d’épanouissement et de structuration sociale).

Pourquoi ne pas imaginer des approches novatrices, de nouvelles matières, interdisciplinaires, dans lesquelles plonger, diffusées en interne sous forme de conseils, de sessions d’apprentissages, de supports d’information. Les thèmes à traiter pullulent :

  • Les articulations du langage écrit et oral dans le dialogue avec ses collaborateurs ou ses clients
  • Histoire et géographie de sa région
  • Explication des crises et du phénomène d’exubérance irrationnelle
  • Transmission du savoir et techniques pédagogiques digitalisées
  • Connaissance de la connaissance : mode d’accès et apprentissage
  • La découverte des dimensions invisibles des organisations
  • Histoire du dialogue entre les générations
  • Les sources du management et de ses évolutions
  • Clefs de compréhension de la globalisation
  • Le raison d’être du travail
  • L’engagement collectif
  • Le bien commun, etc.

Blocages et barricades anti-culture

DSC02145Une acculturation n’avance jamais selon l’itinéraire prévu d’avance. Vents, courants et humeurs des uns et des autres influent continuellement sur l’itinéraire d’un réapprentissage. Des blocages peuvent émerger :

  1. La demande obsessionnelle du lien avec le quotidien. La satisfaction d’un besoin immédiat de « pratico / pratique » revient sans cesse. L’atteinte de ses objectif à court terme s’apparente à une ornière mentale.
  2. Toute tentative de décollage vers des références intellectuelles, qui renvoient au long terme, prend une tournure quasi punitive. Et puis, l’absence de culture, c’est tellement chic, tellement tendance !
  3. Le manque de continuité dans l’effort, dans l’approfondissement et la réflexion sur soi. La « fatigue » générale (temps de transport, pression concurrentielle, ruptures technologiques,…) ne prédispose pas à la concentration des esprits (lire un texte de plus de deux pages ! Waouh !)
  4. Retrouver le goût de se cultiver passe, non pas un travail de mémoire, mais d’interprétation. Pas facile, pas simple, pas évident !DSC02155

Afin de naviguer dans tous les souterrains de chaque organisation, d’asseoir sa crédibilité et sa légitimité, l’acculturation sera liquide, attirante, surprenante, ou ne sera pas.

Alors, les agents du changement apparaîtront, se révéleront, et mèneront la transformation là où on ne l’attend pas.

Nicolas Rousseaux

 

photos © Nicolas Rousseaux

Comments (0)

write a comment

Comment
Name E-mail Website