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Sourire, silence, sobriété

Posted: 3 janvier 2016 à 12:56   /   by   /   comments (1)
Et si… seul le luxe était capable de capturer le besoin propre à chaque être humain de se connecter avec le monde invisible. Le luxe, alors, représenterait le point culminant de notre système sensoriel.

« Le luxe, prophétique et poétique à la fois »

Une interview de Nicolas Rousseaux pour Nebulasightlab.com

 

Quelle est votre perception du luxe ? Un objet concret, un concept abstrait ?DSC06949

Je crois que le luxe existe pour deux raisons essentielles :

Il capture le besoin le plus profond chez les êtres humains de se connecter avec les mondes invisibles. Les premières tribus vivaient dans des cavernes, au pied des falaises, dans les hauts plateaux, près des montagnes. Ils trouvèrent alors d’étranges minéraux aux formes improbables, couverts de mystérieux pigments. Ces pierres leur apparurent tels des sceptres précieux, symboliques, puissants, magiques. Les ancêtres de nos joaillers modernes ont ressenti alors la nécessité de prendre le contrôle de ces formes statiques de l’esprit, de ne pas les laisser s’échapper, de les fixer, afin de les accompagner, comme un medium, dans leurs désirs d’espoir, boucliers de leurs peurs ancestrales.

Il représente aussi le point culminant de notre système sensoriel. Un flacon de parfum, une peinture flamande, une fourrure sibérienne, un kimono de soie, un restaurant étoilé, une cantate de Bach,… l’ensemble des ces choses, sophistiquées à l’extrême, toutes connectées avant la lettre, expriment notre quête d’harmonie avec l’univers. A travers chaque création, repose une tentative d’aboutir au bonheur, à la joie, à une forme d’auto-accomplissement.DSC06958

Prophétique et poétique à la fois, le luxe embarque notre quête de liberté absolue, de telle manière que l’homme et l’histoire puissent s’entendre enfin, que nous puissions, avec la chance, nous dépasser nous-mêmes.

Quel est l’objet, justement, que vous aimeriez emporter avec vous pour la vie ?

Je me souviens, il y a 30 ans de cela,…  je me retrouvais sur la côte sud de Bali. Un hôtel extrêmement hors du commun pour l’époque. Aucun signe extérieur, pas de guichet, pas de bureau visible, pas de « fer à repasser » les cartes de crédit, pas de valet de pied, ni de concierge. Absence de foule, de flux, de bruits. Nul besoin de montrer la patte blanche d’un passeport. Musique du silence. Pas de clefs qui pendouillent comme de petits saucissons. Une personne, seule, en robe longue, m’attendait, les mains croisées. Lentement, elle se dirigeait vers moi pour me souhaiter la bienvenue. « Permettez moi de vous conduire jusqu’à votre bungalow, s’il vous plait ». Voilà. Un sourire, le silence, une sobriété.

A l’intérieur du bungalow flotttait une atmosphère similaire. Ni brochuure publicitaire, ni leaflets. Je me souviens même que dans la salle de bain, le shampoing avait été embouteillé dans un flacon de verre mauve, clos par un minuscule bouchon de liège. Aucune marque, aucune étiquette, nulle part. Cette simplicité me paraissait extraordinaire.

DSC06999Je croyais me retrouver dans une sorte de rêve extatique, un mix incroyable de sensations où se rejoignaient le fait de se sentir à la fois chez soi et au paradis. C’est ce que j’appelle la fortune, où si vous voulez, la bonne aventure.

Que est le sens de vos passions ?

La frontière entre ma vie professionnelle et ma vie privée n’existe pas. J’ai tenté de me construire une vie, via l’amour et l’amitié, la confiance, le don, le partage, mais aussi la création, le travail, les enfants, l’esprit d’entreprendre, puis, enfin, la croyance, le respect, l’éducation.

Chaque minute, chaque respiration, je les dédie à ce mélange que rien ne peut scinder. L’énergie dont j’ai besoin pour vivre se cache dans le jus des fruits de la passion, par milliers. Toujours apprendre, s’enluminer, donner la main, découvrir l’étranger, ne pas craindre, aller vers les autres, de l’autre côté de cette planète, tout le temps. Et finalement, partager ses expériences et sa connaissance en suivant des règles simples, chères à Edgar Morin :

  • Rester ouvert à une contextualisation systématique
  • Reprendre le chemin de l’histoire, de la géographie avec les civilisations
  • Apprendre à naviguer entre le certain et l’incertain
  • Etudier les racines, modalités et effets de l’incompréhension
  • Déchiffrer erreurs et désillusions
  • Mesurer l’évolution des relations entre la société et les individus
  • Apporter sa part de sens aux êtres humains

 

Lien : http://www.nebulasightlab.com/nicolas-rousseaux/#sthash.iZlZNy3i.dpuf

Photos : © Nicolas Rousseaux

Comments (1)

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  • 27 janvier 2016 à 4:47 Amanda Mora

    Un très bel article savouré du début jusqu’à la fin: bravo.