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La cicatrice berlinoise

Posted: 2 avril 2015 à 6:51   /   by   /   comments (0)

A 24 ans, le jeune résistant Edgar Morin, se retrouve à déambuler dans Berlin détruit, rasé, vaincu. Soixante ans plus tard, il est invité à y séjourner plusieurs semaines pour y écrire son témoignage.

C’est alors qu’il retrouve un texte qu’il rédigea en 1946. Le jeune militant y prêche, au nom des peuples allemands et français qui se sont battus pour des valeurs universelles, la perpétuation de l’amitié scellée dans la résistance à la barbarie.

 « Dès  1948, « c’était deux villes faussement jumelles, écrit-il, totalement hétérozygotes, fécondées par des spermatozoïdes incompatibles et rivaux. Et c’est pourquoi la guerre froide qui s’installa à Berlin devient à deux reprises localement chaude, pour ne pas dire brûlante ». Mais le plus touchant, dans ces vagues de souvenirs, c’est ce rappel qu’une frontière se révèle parfois aussi temporelle que spatiale.

Car, au fond, quand Egard Morin nous parle des deux brisures, celle entre Weimar et le IIIe Reich, puis celle de 1945 qui donne naissance à « deux nations allemandes de civilisations opposées » – il a connu l’une et l’autre -, il nous suggère que l’histoire se fracture autant qu’elle s’écoule, laissant la marque de ses cicatrices comme autant de bornes qui partagent les époques ».

 

  Source : Le Monde, novembre 2013, Edgar Morin, « Mes Berlin »9782749131719 Morin Berlin

 Photo : © Nicolas Rousseaux

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