Voltiger sur les concepts, aisance de ceux qui savent

L’idée : et si… l’agilité stratégique, avant de terminer sa course comme tous les mots valises du management, prenait l’espace d’un instant, le visage et le corps tout entier de cette femme extraterrestre dont toutes les parties agissent comme autant de moteurs silencieux de l’étirement des lignes et des courbes, des glissements et des sauts, des retenues et essoufflements. De l’agilité mot d’ordre à l’agilité libératrice.

L’au revoir assumé, à 50 ans, d’une étoile vibrionnante

20h, 17 septembre 2015, Théâtre des Champs-Elysées, Paris.

Pour la dernière fois de sa vie, Sylvie Guilhem entre sur scène. Silence absolu. Une salle qui reprend son souffle. Le noir qui se place.

A 50 ans, elle dit « stop ». 39 années d’entrainement quotidien auront sculpté, transformé, métamorphosé cette femme époustouflante, dont l’esprit libre s’est transmis, de spectacle en spectacle, aux quatre coins du monde. Celle qui, à 19 ans, voit Rudolph Noureev monter sur la scène de l’Opéra pour la nommer « étoile » nous regarde ce soir, avec sourire, et tendresse. Celle qui raconte sa maladresse de petit rat. Celle que Béjart décrivait comme « le maître et l’élève à la fois ».

La plus agile de toutes sera donc aussi la plus déstructurante, la plus irrévérencieuse, la plus brouilleuse de pistes, la plus avide, la plus moqueuse.

Titre de son dernier programme : « Life In Progress ».

Mais après tout qu’est-ce l’agilité de la vie ?

La faculté de se tenir alerte, preste, prompt et souple. Et surtout ni engourdi, lent, mou et pesant. Regarder danser Sylvie Guillem, c’était soudainement ce soir-là voir se rencontrer la plus profonde, la plus sauvage des complexités du corps avec la plus audacieuse des légèretés et de la puissance maîtrisée de l’être humain.

Nicolas Rousseaux

Pas d’émotions excessives, ni larmes, ni micro.

Source : le programme,

avec un excellent portrait rédigé par Lola Lafon pour le magazine Vogue Paris.

Photos : © Nicolas Rousseaux