Chroniques

Censurer ne pardonne pas

Posted: 3 mai 2015 à 10:38   /   by   /   comments (0)

Mega buzz : « l’effet Streisand ».

En 2003, dans le cadre d’une vaste enquête sur l’érosion du littoral, le photographe Kenneth Adelman publie une vue aérienne d’une falaise au sommet de laquelle se trouve la villa de Barbra Streisand : un imposant manoir avec une piscine en forme de haricot. Irritée, la chanteuse poursuit M. Adelman, l’accusant de violer les lois antipaparazzi de Californie, et demande que la photo soit retirée. Le photographe et ses avocats expliquent que l’image montre la côte de Malibu vue d’hélicoptère, non la propriété d’une célébrité. Ils obtiennent gain de cause mais l’affaire s’ébruite, la photo est reprise sur les sites people. Elle est vue 420 000 fois dans le mois qui suit.

“Lorsqu’une star souhaite soustraire une image aux regards, le cliché se met soudainement à circuler massivement ».

Une étoile est née : l’ “effet Streisand”. Le phénomène se déroule toujours de la même façon. Au départ, peu de gens s’offusquent d’une photo peu avantageuse d’une star mise sur la Toile, d’un cliché provocant ou mettant en cause une institution ou un pouvoir. Mais les personnes concernées s’inquiètent, craignant qu’une telle représentation leur cause un préjudice. Ils demandent le retrait des images, portent plainte. Cette tentative de censure déclenche une réaction de défense des éditeurs, dénonçant la pression subie sur le Net.

Aussitôt, d’autres sites, des blogs, les réseaux sociaux montent l’affaire en épingle et montrent l’image incriminée, qui connaît dès lors une circulation inédite. Ainsi, la volonté de censurer des images peu vues déclenche le résultat inverse, puisqu’elles deviennent d’un seul coup populaires, suscitant un buzz non désiré. Un “effet pervers” instantané.

Source : Le Monde, 3 et 4 novembre 2013, Le buzz qu’on ne voulait pas, par Frédéric Joignot.

Image : d’après Felix Valonton

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