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Histoires de patates chaudes
Et si… l’étude historique appliquée aux mœurs, à la vie quotidienne, aux faits de société nous permettait de mieux décoder les mécanismes de l’opinion, les préjugés collectifs, les fondements de la vie en société ou le comportement de ses clients. La réédition d’une des œuvres majeures d’Antoine Parmentier nous rappelle le combat, indirect, qu’il du mener pour convaincre les Français des bienfaits de la pomme de terre.
Parmentier, directeur du marketing stratégique
Introduite vers 1540 en Europe, en provenance d’Amérique, la pomme de terre est solidement installée au XVII ° siècle en Allemagne, en Flandre, en Suisse, en Espagne, mais pas en France. On en donne aux bêtes, mais les gens n’en veulent pas, même en temps de disette. Elle les dégoûte et ne savent comment la faire cuire ; hormis en Lorraine et dans les parties de la Bourgogne et de la Franche-Comté où elle a été introduite par l’occupant espagnol.
Mais comment faire connaître au peuple l’opinion des savants ? Le peuple ne lit pas ; il n’entend que la voix de ses prêtres. Les savants décident donc de mettre le clergé dans leur jeu. En 1765, l’évêque de Castres distribue des pommes de terre aux prêtes de son diocèse en leur disant :
« Plantez-en et montrez aux gens comment cela pousse et que cela est bon »
En 1772, l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besançon met au concours une « Étude des substances alimentaires qui pourraient atténuer les calamités d’une disette ». Un mémoire fait sensation, celui d’un jeune homme, nommé Parmentier, qui obtient le premier prix.
Dès lors les milieux scientifiques s’intéressent à son idée et Lavoisier le fait désigner pour parcourir la France afin d’étudier les raisons de la mauvaise qualité du pain. A son retour, en 1779, Parmentier rédige un long rapport sur la façon de faire du pain de pomme de terre « sans mélange de farine », aujourd’hui réédité.
« Manière de faire le pain de pommes de terre »
par Antoine Parmentier
ed. Menu Fretin (éditeur de gastronomie), collection « Kawa », petite tasse de café littéraire, 2013.
Prix : 5 €
photo : © Nicolas Rousseaux
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