Chroniques

Une Présidentielle animiste

Posted: 22 avril 2017 à 7:27   /   by   /   comments (0)

Et si… demain, dimanche 23 avril 2017,  je votais « blanc ». Partant du constat affligeant qu’aucun des onze Français prétendant diriger ce pays n’a affiché l’ombre d’une vision refondatrice (sans même parler de probité). Rien qui puisse me laisser une lueur d’espoir afin d’aider mon pays, enfin, à affronter les sentiers ardus de la modernité du monde. Mettre fin à des décennies de faux compromis, de mensonges par omissions, de traffics d’influence en tous genres.

Entre kalachnikovs et mises en examen…voter ?

« Peuple anonyme de France, majorité silencieuse, invisible, oubliée,  je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Si autrefois, dans ce pays continuellement saigné par les guerres, le vote démocratique fut un acte de nature sacramental, il ne l’est plus. De ces millions de Français morts pour la liberté, l’égalité et la fraternité, de cette eucharistie là, ne reste-t-il donc rien, sauf des listes de noms défraîchies sur des monuments de granit mangés par la mousse ?

Effectuer demain mon devoir de citoyen dans un bureau de vote protégé par des soldats aux mitraillettes chargées. Choisir entre quatre « favoris » dont deux sont sous examen pour « détournement de fonds publics« . Les deux autres se définissant soit comme sortant de l’Europe pour rejoindre l’Alliance Bolivarienne (fondée par Chavez et Castro en 2004, et dont la monnaie est le sucre !) ; soit comme un premier communiant, transparent sous tous rapports, petit miracle de l’élite flétrie à la française, aussi à l’aise dans l’inconsistant et l’évitement que le crocodile dans son marigot.

Tout ça pour ça

Caricature de démocratie représentative, illégitime et incrédule. Je lis ce matin les titres des médias du monde entier, éberlués, affligés par ce spectacle suicidaire. Qui reconnait la France ici bas ?

Et de cette maudite campagne électorale, avortée, laminée, minable, que restera-t-il donc ?

  1. Sujets abordé, traités, commentés :

  • Terrorisme
  • Islam
  • Chômage
  • Fonction publique
  • Déficits
  • Impôts
  • Revenus
  • Identité nationale
  • Relance
  • Statut des élus

      2. Sujets non abordés, peu traités ou à peine commentés :

  • Déséquilibres climatiques
  • Confiance et lien social
  • Politique culturelle
  • Vieillissement
  • Gestion des données
  • Hyper puissance des médias
  • Robotisation de la société
  • Economies parallèles, dark net et traffics
  • Crises de la gouvernance du monde
  • Formes de coopération
  • L’armée face aux conflits asymétriques
  • Stratégies de migration
  • Europe de demain
  • Explosions de la corruption
  • Affaiblissement des Etats
  • Omniprésence de la finance
  • Education en faillite
  • Solidarités et collaborations
  • Mobilité et urbanisme
  • Grandes puissances et multinationales
  • Fragilité cybernétique
  • Role de la famille
  • De la morale en démocratie
  • Renouveau du leadership

 

Eugene Cernan, le dernier homme à avoir marcher sur la Lune, vient de mourir. Symbole d’un passage.

Eugene Cernan, le dernier être humain à avoir marché sur la Lune est mort le 17 janvier dernier.

A la conquête des espaces sidéraux succèdent simulation 3D et virtualité numérique. Nous revenons à un espace orbital, centré sur nous-mêmes. Avec deux conséquences majeures, paradoxales : une globalisation forcée de nos comportements et habitudes, et la reconstruction formelles des frontières par les multiplication des murs.

Back to Berlin ? Non. Car à la guerre froide, menace frontale, a succédé des conflits non symétriques et incertains :

  • visibles : la violence terroriste récupérée avec un acharnement méticuleux par les médias (« Breaking News », dernier show à la mode, celui qui fait saliver les publicitaires).
  • et invisibles organisées clandestinement par nos propres alliés de facade (Etats-Unis et Royaume-Uni) ou par des ennemis diabolisés (Russie, Chine) : l’écoute systématique de nos conversations téléphoniques, le pillage de nos données et codes, la prise en otage financière des start ups par les services de contre espionnage, les virus paralysant des Etats ou des systèmes entiers, etc.

Naïveté fracassante

Voilà sans doute la grande déception des derniers mois de médiocrité démocratique, cette naïveté fracassante face au monde terrible qui s’impose, et qu’il serait cent fois trop simple de réduire au seul extrémisme religieux (ayons toujours cette question en tête : qui a été et qui est le barbare de qui ?).

Cette réalité complexe contre laquelle sont venus buter les onze joueurs rase-moquette de cette équipe de présidentiables, nous met en parfaite position pour une relégation en cinquième division. Et un quinquennat, un de plus (un de trop?) qui passe à la trappe.

 

Nicolas Rousseaux

Le samedi 22 avril 2017, à 20h.

 

© Nicolas Rousseaux, 2017

 

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