Romans graphiques
Beauté du simple
L’idée : et si… le Japon, à la recherche de ses racines perdues dans les eaux tumultueuses de Fukushima, avait retrouvé un art de vivre essentiel, assaini, dénoué. Comme un défi à sa crise existentielle, à son Hiroshima bis. Dans l’histoire des manga ka (les auteurs de manga japonais) Jiro Taniguchi représente l’un des grands maîtres vivants de cet art, souvent méprisé par les occidentaux, déifié par les jeunes du monde entier, apprécié par les esthètes du graphisme épuré, proche de la « ligne claire », mouvement d’origine belge regroupant les dessinateurs et auteurs partisan d’un trait et d’une expression sans bavures. A la Hergé, millimétré. L’histoire de Tomoji passe ainsi devant nos yeux, presque en forme d’indiscrétion, tant elle ne fait pas de bruit et se confond avec la nature qui l’entoure et la protège.
Là où les jours passent, puis se joignent, pour créer un destin
Dans son dernier ouvrage, Taniguchi pousse encore un pas plus loin le pari d’une distanciation entre lui et ses personnages. Comme s’il fallait ne pas les déranger, les laisser tranquilles, mener leur existence.
Ceux-ci flottent de case en case, de page en page, vivent leur quotidien, par delà les aléas du temps (y compris le grand tremblement de terre du 1er septembre 1923 à Tokyo).
Dans cette atmosphère tempérée, loin de la fureur du monde, proche d’une forme de zen-attitude, l’amour vient parachever le destin, pensé et comme déjà formulé, d’une jeune fille parmi d’autres.
par Jirô Taniguchi
Ed. Rue de Sèvres, 2015
© Jirô Taniguchi /Miwako Ogihara, 2014
Pourquoi , Nicolas, ne pas éditer sur papier (stone paper, évidemment, voir Camila !)ces belles notes de lecture ? Inspirantes, décoiffantes, ouvrant les portes des futurs possibles à partir des passés révolu…tionnaires elles apportent un peu d’air frais et de réflexion dans les espaces confinés de nos « démocraties »… On en parle ?