Cartographies
Les points cardinaux inutiles
En Extrême Orient, la représentation de l’espace relève du récit sensoriel plus que du positionnement de soi par rapport aux pôles magnétiques du globe.
Les cartes (souvent de forme horizontale, vue du terrain) racontent une histoire vécue avant tout, avec ses repères, ses rencontres, son contexte. La « vue d’oiseau » (« bird view ») apporte peu de valeur ajoutée puisque l’univers des itinéraires possibles compte moins que la façon le plus pragmatique d’aller d’un point à un autre. D’où la notion de temps de voyage (nombre d’heures) qui prime davantage que la mesure kilométrique (conceptuelle) de la distance entre deux points. Pour un Japonais, 20 kilomètres de chemins à parcourir la montagne n’équivalent pas à 20 kilomètres de route qui traversent une succession de champs de rizières.
© Nicolas Rousseaux
Illustration : La route du Tokaïdo, de Kyoto à Edo (Tokyo) et Osaka », 17ème siècle, montée sur paravent, UC Berkeley East Asian Library and David Rumsey Collection.
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