Chroniques

Un réseau social pour chiens

Posted: 4 octobre 2015 à 10:13   /   by   /   comments (0)

Et si… les chiens devenaient des médias à part entière, et si les chiens avaient le droit à la parole, et si ces interfaces vivantes permettaient aux humains célibataires de trouver à la fois l’âme câline et l’âme sœur canine ? Prise du pouvoir par l’animal intuitif et docile sur nos esprits déboussolés et dérationalisés.


Enfin, la communauté canine s’exprime

A l’affiche des services proposés par ce réseau social lancé en juin dernier par trois parisiens, destinés, dans un premier temps, aux 8 millions de canidés recensés en France :

  • Partager ses passions
  • Publier, exprimer et valoriser ses fidèles compagnons
  • Trouver des professionnels canins
  • e-carnet, généalogie, alerte chien perdu

« Dogfidelity.com, un réseau qui a du chien » (sic transit gloria mundi)DSC05126

Votre chien se fait des amis… et vous aussi ! Voilà donc le Facebook des chiens. A quand le tour des poissons rouges, des hamsters, des serpents à sonnette et des scarabées ?

« Chaque propriétaire peut également fabriquer l’arbre généalogique de son chien, complété automatiquement au fur et à mesure des inscriptions des « cousins » et « petits-enfants » pour ne pas perdre l’historique de lignées souvent compliquées et multiples. »Corse - Saint Florent nov 07 059

L’humanisation des animaux domestiques suit son cours ravageur, à la vitesse d’un lévrier dans le désert des solitudes que sont devenus les espaces urbains contemporains, où l’estime de soi, les miroirs, « mes beaux miroirs », nous renvoient à notre isolement, à nos vides, à nos déceptions, à nos besoins de se confier (« toi au moins, tu me comprends« ).

A moins que nous assistions, au contraire, à la domestication des humains par leurs animaux de compagnie. A la prise du pouvoir par la bête intuitive et docile sur nos esprits déboussolés et dérationalisés.

Nouvelle mythologie du XXI° siècle, le chien calmant a pris la place du chien errant ou chassant. Que dirait un Roland Barthes d’un tel phénomène, du chien et de sa parole dépolitisée ? « Je réclame de vivre pleinement la contradiction de mon temps, qui peut faire d’un sarcasme la condition de la vérité ».DSC00627

Et un Jean-Paul Sartre ? Vers quel souvenir tout ce déballage lui ferait-il penser ? Relisons « Les Mots » : « A défaut d’enfant, qu’on prenne un caniche : au cimetière des chiens, l’an dernier, dans le discours tremblant qui se poursuit de tombe en tombe, j’ai reconnu les maximes de mon grand père : les chiens savent aimer ; ils sont plus tendres que les hommes, plus fidèles ; ils ont du tact, un instinct sans défaut, qui leur permet de reconnaître le Bien, de distinguer les bons des méchants. « Polonius, disait une inconsolée, tu es meilleur que je ne suis : tu ne m’aurais pas survécu ; je te survis. » Un ami américain m’accompagnait : outré, il donna un coup de pied à un chien de ciment et lui cassa l’oreille ; il avait raison : quand on aime trop les enfants et les bêtes, on les aime contre les hommes ».

Nicolas Rousseaux

 

Lien : http://link.ledmedi.fr/pc1/display.phpM=15883478&C=0745bcd67342ce1eba88eb3aa2fa8707&L=45&N=1488

Photos : © Nicolas Rousseaux

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