Chroniques

Daech à une heure de Schengen

Posted: 12 juillet 2015 à 9:49   /   by   /   comments (0)

Palmyre, une oasis au cœur de la Syrie. A l’ombre des colonnes romaines, les chars d’assaut du Califat reprennent leur souffle. Le moment décisif approche. Damas n’est plus qu’à 241 kilomètres. Mais les chefs militaires de l’Etat Islamique ont une autre cible en tête : la Méditerranée ! Damas attendra. C’est vers la mer qu’aura lieu le déferlement décisif. Le renversement total du Moyen-Orient, la fin des frontières arbitraires, artificielles, de 1941, et… plus encore.

A quoi ressemblent les soldats de Daech ? Ni à des fous de Dieu, ni à des kamikazes jouant le tout pour le tout, le Coran en porte drapeau. A eux, tous ex-soldats d’élite de l’armée de Saddam Hussein, on leur a enseigné les grands principes du parti Baas, mais aussi 6a01156fb0b420970c01a510e7fc7f970c_2les leçons stratégiques du Général Heinz Guderian, tout comme ce dernier s’était inspiré des œuvres visionnaires de Charles de Gaulle sur la guerre de mouvement. L’incroyable percée des Ardennes, c’était lui, Guderian et ses Panzers. Délaisser Paris, à la surprise générale, pour filer vers la Manche et piéger l’armée française pour la sectionner en deux parties injoignables, c’était encore lui. 360 kilomètres séparent Palmyre de Lattaquié, le plus grand port syrien. L’équivalent exact d’un Bastogne-Sedan-Dunkerque. Une fois arrivés à Lattaquié, tout sera possible pour les guerriers noirs. Tout. Absolument tout.

8a902fc8c5edfad5a2a1f9c6618cb581629edb23Au nord, Yayladagi, le poste frontière turc ne sera alors qu’à 67 kilomètres. La pointe orientale de Chypre, pays membre de l’Union Européenne, à 60 kilomètres à peine, par bateau. Le port libanais de Tripoli, 160 kilomètres. De Tripoli à Beyrouth, 83 kilomètres. De Beyrouth au port israélien de Haïfa : pas plus de 150 kilomètres, en passant par la mer, ne serait-ce que pour contourner les milices chiites du sud-Liban.

DSC04497Ces soldats professionnels ont bien été jusqu’en Libye récupérer les munitions laissées par l’armée française. Ils sont déjà à Tunis. Pourquoi pas Le Caire ? Et puis… Istanbul ? Le Bosphore, la Corne d’or, les Dardanelles, là se tient le rêve secret de cette armée de l’an II… revivre la victoire de Saladin contre les Croisés. Provoquer un nouveau choc sismique, équivalent à celui du 29 mai 1453, le jour où les armées ottomanes vidèrent Constantinople des « non-croyants ». Aussi, et surtout, la revanche posthume de Saddam contre l’humiliation, l’avidité et l’inconséquence des présidents Bush, père et fils, alliés de toujours, devenus justiciers d’un jour. Pour la satisfaction, provisoire, de la dynastie des Saoud.

Et après Istanbul… Athènes, l’Occident touché dans son creuset même ? Faire exploser le Parthénon, comme l’on joue au tir au pigeon sur les restes de l’empire Romain. Quel feu d’artifice à la face d’un monde tétanisé, qui ne croit plus en rien, et suDSC04509rtout plus à l’Europe! La Grèce, sacrifiée sur un autel et des promesses bien connues des Polonais ? L’histoire balbutie. Pour le moment, les Salafistes tiennent la plume. Et ils savent pourquoi.

Nicolas Rousseaux

(suite de ce blog la semaine prochaine)

Photos : © Nicolas Rousseaux

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